Au commencement
Cela se passe sur les bords du Gave de Pau, il y a plus de 500 ans…
Un ermite, un ermitage, une chapelotte au bout d’un pont fragile, c’est dans ce contexte qu’il nous faut trouver Celle qui souffrira beaucoup en ces lieux, mais aussi Celle à qui on aura de plus en plus recours. Plusieurs fois, Elle changera de nom : Notre-Dame de l’Estelle – de I’Étoile –, Notre-Dame du Mont-Calvaire de Bétharram à partir de l’apparition glorieuse de la Croix, en 1616. Après le 19ème siècle, on ne La nommera plus que : Notre-Dame de Bétharram.
En 1912, un double couronnement
C’était aussi dans l’air du temps qu’un Couronnement. Il y avait eu Buglose en 1866 ; il y avait eu, ensuite, Sarrance en 1893 ; il y avait eu Lourdes en 1909 : la Vierge Couronnée.
L’initiative de ce grand événement diocésain revient à Mgr François-Xavier Gieure. La grâce de l’ordination épiscopale lui avait été rconfèrée à Rome, en 1906, par Pie X lui-même.
Daté du 12 mai 1912, le Mandement spécial d’annonce de la fête du 28 Juillet 1912, est un long texte à la fois sur l’histoire de Bétharram et sur les circonstances qui vont permettre de lancer une mobilisation, sans précédent, de tout le diocèse pour honorer Marie.
Le couronnement sera sous le patronage du Pape Pie X. Mgr Gieure pensait que la couronne de la Vierge pouvait être offerte par le mouvement spirituel des Enfants de Marie. Pie X prend alors deux initiatives. La Mère sera couronnée. Mais aussi le Fils ! Quant aux couronnes : « C’est moi, dira Pie X, c’est moi qui me réserve d’offrir et de donner les couronnes. » On sait qu’un premier modèle fut refusé par le Pape car il ne correspondait pas à l’image du Rameau. « La couronne de la Vierge, disait Pie X, doit rappeler, par sa facture et sa composition, la poésie de son nom. » Les deux couronnes sont sur le même modèle et ornent la statue, fleurs et fruits entrelacés de feuillage.
La "Blanche Madone"
Cette statue est la quatrième vénérée au cours des temps. Elle est sortie des mains d’Alexandre Renoir, alors que, faute d’argent, Ie Père Michel Garicoïts avait décidé de suspendre l’œuvre en cours : les bas-reliefs des stations du Calvaire. L’artiste, certes déçu, a voulu traduire par là se reconnaissance à la Reine des lieux. C’est aussi la statue qui se prête le mieux à des couronnes.
Le soir du 27 juillet 1912, alors que les cloches sonnent dans toutes les églises et chapelles du diocèse, la statue est montée à l’esplanade du Calvaire, tirée par quatre chevaux blancs, le char conduit par des cochers en tenue ossaloise. Elle en redescendra de même, et dans une grande liesse après le couronnement pour recevoir un immense hommage, sur la place de Lestelle, noire de 30 000 pèlerins.
Le 28 juillet 1912
C’était un dimanche. Les jeudi, vendredi, samedi précédents, il était revenu aux paroisses de Nay, Asson, Lestelle et Montaut de vivre le triduum préparatoire et ce fut déjà très beau.
Mais un couronnement, en stricte liturgie, devait se faire à la fin de la messe solennelle du matin. Les curés et vicaires n’affluèrent que pour l’après-midi, et la longue procession descendit les pentes de la colline vers une avenue et une place de Lestelle méconnaissables ,tant il y avait, comme à la “dévote chapelle”, d’oriflammes et de fleurs.
Il fallait une voix de stentor pour haranguer un tel auditoire ! Ce fut celle de Mgr Rumeau, évêque d’Angers, qui déversa un flot de louanges : « Veni, veni de Libano, coronaberis… » Le diocèse a vécu, ce jour-là, dans un autre monde.
Certes, il y avait une ombre au tableau! Depuis près de 10 ans, les Religieux de Bétharram, fils du Vénérable Michel Garicoïts avaient dû partir en exil. Mais ils furent très bien représentés, par l’ancien et le nouveau supérieur général : le père Bourdenne, grand et discret artisan de ta fête, et le père Paillas, dont la voix se fit pathétique aux heures des toasts.
Et aujourd’hui ? Pour le 28 juillet 2012 ?
La même invitation est lancée d’une grande reconnaissance pour ce lieu de grâce qu’est Bétharram et surtout à l’égard du Rameau tendu tant de fois par l’Enfant et sa Mère, plus de 500 ans durant : Lourdes avant Lourdes ! Pour preuve : les petits tableaux du bord de la tribune de la chapelle illustrent ce qui se vivait au XVème siècle et rien de plus éloquent que ces malades accueillis, soignés, guéris laissant leur béquille en ex-voto !
P. Gabriel Verley, s.c.j.
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